David Reymond, co-fondateur de Skillsday et Tiphaine Duchet, VP Operations chez Teach on Mars se prêtent au jeu de l’interview croisée pour parler lien social, motivation et engagement des collaborateurs en poste !
Un retour à la normale incertain
Pourquoi parler aujourd’hui d’un programme de re-onboarding ?
Tiphaine : Dans le contexte actuel, l’heure n’est vraisemblablement pas trop aux recrutements de nouveaux collaborateurs. Pour autant l’entreprise a plus que jamais besoin de forces vives pour construire et mettre en œuvre des stratégies adaptées à ce panorama économique et social inédit.
Durant les dernières années, nous avons pu accompagner des équipes Formation sur de magnifiques programmes d’onboarding des nouveaux collaborateurs : immersion, learning expedition, chasses au trésor phygitales, communautés et évènements informels… Bref, des programmes d’une originalité et puissance exemplaires, jusqu’à en faire pâlir de jalousie les collaborateurs en poste depuis plusieurs années. Et si on pensait un peu à eux maintenant ? Avec les confinements successifs et le bond du télétravail, les salariés ont « quitté physiquement » leurs entreprises et – même si ce sera dans des conditions hybrides et polyformes – il va falloir les encourager un jour à y revenir.
Vous pensez que les salariés n’ont pas envie de revenir travailler dans leurs bureaux ?
Tiphaine : Certains n’ont pas envie de revenir : le confort du télétravail cochant plusieurs critères très arrangeants en termes de logistique familiale, d’économies (transport et restauration), de calme et de liberté. Certains rêvent de revenir car la vie sociale, les moments informels, les équipements leur manquent, ou bien également parce que les conditions du télétravail ne sont pas optimales en home office. Et puis il y a bien sûr tous les cas de figure intermédiaires « j’ai envie de revenir mais… », « je reviendrais à condition de… »
Un nouveau défi pour les entreprises
Alors pour vous le débat se pose sur des questions logistiques et pratiques ?
Tiphaine :
Non, justement, c’est l’arbre qui cache la forêt selon moi. Au-delà de la crise sanitaire et sociale, cette période a profondément interrogé les salariés sur le sens de leur travail et leur motivation intrinsèque à le réaliser, à s’y investir. Aussi l’idée d’un programme de re-on-boarding n’est pas de faire revenir les collaborateurs à tout prix en se livrant à une bataille d’avantages en tout genre (l’entreprise avait déjà mis en place les conciergeries, les crèches, les séances de massage et yoga, les espaces cocooning et les baby-foot à la cafétéria…). La question est comment ré-engager les collaborateurs ?
« Il faut ré-enchanter le lien qui unit le collaborateur à son entreprise, le baby-foot à la cafétéria ne suffira pas »
Mais leur entreprise, ils la connaissent ?
Tiphaine : Je pense qu’il n’est pas exagéré de dire que toutes les entreprises ont changé ou se sont inscrites dans un processus de changement. Que se soit dans l’organisation, la production, la distribution, la relation avec l’éco-système, ce sont des pans entiers de l’identité même des grands groupes comme des PME qui se sont transformés. Ces changements il va falloir les expliquer, les accompagner et surtout leur donner un sens. C’est pour moi le défi crucial des entreprises pour cette année : pourquoi et comment l’entreprise a évolué en 2020 ? Comment et pourquoi elle dessine une nouvelle trajectoire pour 2021 ?
C’est une orientation interne plus appuyée dans la notion de marque employeur, sa promesse, sa vision, qui doit toujours fidéliser mais aussi ré-enchanter.
De quoi est composé un programme de « re-onboarding » ?
Tiphaine : Il n’y a pas de recette magique, mais certains ingrédients sont incontournables :
- la vision : le top management doit acter les transformations de l’entreprise et de son environnement, analyser les conséquences sur son fonctionnement et donner un cap pour le futur, sur la base d’une feuille de route intégrant davantage la portée sociétale et humaine de son activité.
→ Il faut donc dans ce programme plusieurs briques de partage de la vision : vidéo, édito, interview… - la courroie de transmission et les relais stratégiques : toute la ligne managériale , embarquée en amont, doit s’impliquer dans ce programme pour expliquer, détailler, concrétiser et décliner cette vision. Les équipes RH et RSE sont des contributeurs incontournables et doivent être intégrés au programme en tant que porte-parole mais également pour diffuser la vision au sein de l’ensemble de leurs actions.
→ Le programme doit permettre des échanges fréquents, accessibles, transparents, concrets avec ces ambassadeurs de la vision. - la parole du terrain : dans chaque entité de l’entreprise les personnes se sont adaptées, ont fait preuve de résilience, d’agilité, d’intelligence, de solidarité pour continuer de faire vivre l’entreprise, pour participer à sa transformation progressive.
→ Les témoignages des salariés et la possibilité d’échange entre pairs est fondamentale dans le programme. - les bénéfices pour tout un chacun : un programme d’onboarding est avant tout un dispositif de développement des compétences. Cette dimension est fondamentale et doit là aussi témoigner du cheminement opéré sur ces sujets durant 2020. Formation à distance, hybride, digitale… la maturité des collaborateurs sur les modalités distancielles s’est subitement développée, une opportunité formidable de proposer des nouveaux formats. Mais l’occasion aussi de varier les thématiques. Au-delà de la connaissance de l’entreprise, de la formation métier, des cursus de soft-skills ou d’efficacité personnelle, le temps semble venu d’ouvrir beaucoup plus largement les thématiques offertes dans les catalogues de formation.
→ Catalogue ouvert et à distance sur des thématiques larges. - le lien social, la communauté, le chat, les forum qui doivent permettre de faire se rencontrer des gens qui ne sont pas en proximité directe.
Après l’onboarding, le re-onboarding digital…
Quelles sont les expertises de Teach on Mars et Skillsday pour accompagner les entreprises dans la conception d’un tel dispositif de re-onboarding ?
David : Habituellement nous accompagnons nos clients dans la digitalisation de leur offre de formation en créant des formations sur mesure. Mais depuis quelques temps nous travaillons notamment sur la digitalisation de leur contenu « marque » pour re-onboarder leurs collaborateurs. Nous construisons avec nos clients des parcours ludiques et innovants sur leurs valeurs et leur ADN. Pour quoi faire ? Tiphaine l’expliquait : oui les collaborateurs connaissent leur entreprise mais il est urgent pour ces dernières de se donner les moyens de renouveler le sentiment d’appartenance des salariés à leur marque. En cultivant l’identité de son organisation, le responsable formation joue un rôle considérable dans l’appropriation de l’identité de la marque. Autour de la formation sur mesure, nous développons ce que l’on appelle le marketing de la formation pour créer un véritable événement. C’est une étape essentielle pour ré-enchanter l’expérience collaborateur. Quelle stratégie de déploiement mettre en place pour toucher l’ensemble des salariés ? Quelle stratégie de communication appliquer pour transmettre les bons messages sur les bons canaux aux bons moments ? Quelle stratégie ambassadeurs pour créer du lien entre les collaborateurs et faire porter le re-onboarding par des influenceurs internes ? C’est à ces enjeux que nous répondons avec nos clients à l’aide d’outils pratiques et concrets par exemple comme un marronnier propre aux temps forts de l’entreprise. Nous enfilons notre casquette de conseil pour co-construire avec nos clients le dispositif adéquat impactant en fonction de ses enjeux de réengagement.
Comment concevoir un re-onboarding à distance ?
David : Nous savons qu’à distance les contenus au sein des entreprises sont majoritairement descendants et nous avons notamment pu le constater depuis le début de la crise sanitaire. À travers le mobile learning, nos équipes de learning designers et graphistes ont un véritable terrain de jeu pour travailler une approche gamifiée et ainsi favoriser la participation des collaborateurs. À travers le fond et la forme, on accompagne nos clients pour apporter la touche de peps personnalisée qui engagera et réengagera le collaborateur.
Plus que jamais, l’auto-formation doit être accompagnée. Nous créons les conditions pour favoriser le social learning entre les collaborateurs à travers des Quiz Battle par exemple pour qu’ils puissent jouer ensemble. Cette approche permet d’humaniser le re-onboarding et d’impliquer l’ensemble de l’organisation. Nous incitons notamment les directions à être exemplaires et à jouer le jeu. En fonction des objectifs, nous pouvons par exemple, concevoir des escape game à distance avec des activités qui nécessitent le retour au bureau pour finaliser son parcours. Autre exemple, tous les jours nous débloquons de nouvelles capsules à faire et créons des équipes qui doivent revenir au bureau pour flasher des codes et gagner des points avec à la clé une récompense.
À travers le Wall de l’application, nous construisons avec nos clients des messages impactants pour rassurer les collaborateurs en montrant le avant / après dans la prise en compte des mesures sanitaires. Grâce aux notifications in push, nous envoyons des messages encourageants aux collaborateurs. C’est une manière ludique et fun d’expliquer par exemple les nouvelles règles propres au contexte de chaque organisation tout en impliquant le collaborateur et en lui donnant envie de redécouvrir l’espace de travail dans lequel il évoluait quotidiennement.
Comment le mobile learning favorise le re-onboarding ?
David : Chez Skillsday nous mettons en avant 3 approches.
La première, l’approche gamifiée pour éveiller la curiosité. Les différentes activités proposées sur la technologie Teach on Mars nous permettent de susciter l’intérêt du collaborateur et de redécouvrir un contenu qu’il connaît pour se l’approprier en s’amusant.
La deuxième, l’approche sociale pour faire interagir. Comme on le disait, pour ré-enchanter les salariés il faut créer du lien avec la marque, ses valeurs et du lien entre les collaborateurs. Les interactions créées grâce aux jeux permettent de ressouder les équipes entre elles.
Enfin, l’approche mobile pour rendre accessible le dispositif auprès de tous, partout, tout le temps, directement depuis sa poche.
Cette thématique vous intéresse ? Les équipes de Skillsday et Teach on Mars préparent quelques témoignages clients pour vous en parler plus précisément lors d’un webinaire à venir très prochainement… Stay tuned!
WEBINAIRE
Après avoir occupé des postes à responsabilités aux Achats chez Axa et Atos, David a co-fondé Skillsday. Il est aujourd’hui directeur associé en charge du pôle commercial de Skillsday. Visionnaire passionné par le Digital Learning, il s’impose comme un acteur crédible de ce nouvel écosystème, il cultive la satisfaction clients et la mise en place de partenariats solides et pérennes.